Nous profitons d’une fenêtre météo favorable pour partir vers Gibraltar.

Le vent contraire et les orages de samedi et dimanche nous ont dissuadés de prendre la mer plus tôt.

Nous savons que nous aurons le vent de face, mais il faut essayer d’avancer, on est attendu à Madère mi-juin.

Une fois dehors, ce qu’on craignait se rĂ©alise : la mer avec ses vagues courtes nous ralentit Ă©normĂ©ment, nous fait dĂ©river. La progression dans la bonne direction est impossible, nous tirons des bords, mais ce n’est pas l’allure prĂ©fĂ©rĂ©e de notre bateau.

Même quand le vent se calme, la mer nous empêche d’avancer à une vitesse correcte au moteur.

Au bout de 48 heures, conscients que cela ne sert Ă  rien d’insister, nous relâchons dans une petite marina proche de nous. Consolation de cette « dĂ©route », nous croisons des globicĂ©phales noirs ; ils viennent nous voir, ils sont trois Ă  1,5m du bateau.
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Comme beaucoup de tous ces petits ports espagnols, la marina est entièrement artificielle, construite autour d’un rocher isolé dans une petite baie.
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MĂ©lange des rochers de Gibraltar et du zoo de Vincennes

Les tarifs sont élevés, mais la capitainerie nous offre une bouteille de vin rouge. On va la faire vieillir à bord.

Le guide nous signalait un « supermarket Â» mais celui-ci n’est pas ouvert Ă  cette Ă©poque. La seule activitĂ© sur le port est une pizzĂ©ria dont il ne faut pas s’approcher si on craint le racolage des serveurs.

Une nuit de répit, et de nouveau, départ vers Gib.

Les conditions semblent meilleures, le vent de Nord-est nous pousse dans la bonne direction. Il forcit, et nous voila, de nouveau, au bout de 3 heures de route à prendre un ris, larguer le ris, reprendre le ris, larguer le ris…. Qui a dit qu’on s’ennuyait en croisière ?

En fin d’après-midi, le vent nous abandonne, mais la mer est plus calme que les jours précédents et nous pouvons avancer efficacement au moteur.

En milieu de nuit, le vent revient et nous propulse à 6 nœuds avant de nous abandonner quand Gib est en vue. Nous finissons l’étape au moteur, sur une mer d’huile.

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Les cargos et autres pétroliers nous croisent de très près. Un engin de 200m de long qui vous passe à 350m, on se sent tout petit.

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On aperçoit l’embarcation de sauvetage sur sa rampe de lancement, digne de Madmax

Certains viennent dĂ©charger leur cargaison dans la baie d’AlgĂ©siras, d’autres continuent leur route vers l’Atlantique en empruntant une « autoroute Â» dont ils n’ont pas le droit sortir avant la fin, et que nous n’avons pas le droit de croiser.

A 9h, nous faisons un arrĂŞt « bidon Â» pour faire le plein de gazole dans le port de Gibraltar. Zone franche : 75 centimes le litre. Quand on en met 180, c’est plus qu’intĂ©ressant ! Ensuite, nous gagnons le port de La LĂ­nea de La Conception. Peut-ĂŞtre le nom vous dit-il quelque chose ; pour ceux qui ont suivi, en effet on y est passĂ© l’annĂ©e dernière. Mais ce n’est pas son seul titre de noblesse ! Dans le film « Guillaume et les garçons », Guillaume arrive dans une ville espagnole complètement perdue, dans la seule famille qui ne se drogue pas, et c’est à…. La LĂ­nea de la Conception ! A voir ou Ă  revoir. Cela donne une bonne idĂ©e de la ville.
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Maintenant, on va se frotter Ă  l’Atlantique, direction Madère, oĂą nous devons rejoindre Philippe et MaĂŻtĂ© ; espĂ©rons qu’Éole sera avec nous et qu’on ne les fera pas attendre…